Les symboles de Dieu et de la Trinité

Pendant de nombreux siècles, il a été considéré que Dieu ne pouvait être peint que sous les traits du Christ. Dieu en tant qu’Invisible n’avait pas d’icône et ne pouvait en avoir. Alors pour faire mémoire de la présence et de l’action de Dieu dans l’histoire sainte, en particulier dans les théophanies (manifestations de Dieu), l’art chrétien adoptera les conventions graphiques, certaines héritées de l’art juif.

« Les églises sont des recueils de symboles »

M. Dilasser, in Eglises et symboles, éd. du Signe.

 

Ces symboles risquent de nous échapper si nos regards s’arrêtent seulement aux motifs représentés au sommet ou sur les colonnes d’un retable.

La plupart de ces symboles proviennent de la Bible, des événements du Salut, des figures prophétiques, des mystères de Jésus. L’interprétation ne s’improvise pas, mais recourt à la lecture que l’Église en a faite au cours de son histoire, dans son enseignement, sa liturgie.

 

Quelques symboles de Dieu et de la Trinité

Signes trinitaires

 

- La figure abstraite du triangle avec au centre l’écriture hébraïque du nom Yahvé ou le dessin d’un œil (Saint Germain des Prés - Paris).

 

- Puis surgissent les représentations trinitaires :

- la trinité triandrique : 3 hommes côte à côte, strictement identiques ou d’âges variés (Livre d'Heures - Angers).

- sous la forme du Trône de grâce :

              A partir du XIVe siècle :

                  Le Père assis, tient entre ses genoux le Fils en croix, tandis qu’une colombe est juchée sur le bras ou sur la tête du Père (Église ND des Carmes - Pont L'Abbé).

             A partir du XVe siècle :

                 La Pitié de Notre Seigneur : le Père tient le corps pantelant du Christ descendu de la Croix. C’est l’image d’un Dieu proche, perméable à la souffrance des hommes ; sa miséricorde ne le cède en rien à la majesté (Trinité de Colinj de Coter XVIè - Musée du Louvre).

 

- sous la forme dite « Trinité du Psautier » : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite » Ps 109 (Musée breton de Quimper XV-XVIè)

                A partir du XVIe siècle

               Sur un même trône, se tiennent le Père et le Christ de l’Ascension...quelque part entre leurs têtes, la colombe...


Le Père

Main, nuée

La présence divine est suggérée par une main sortant de la nuée. C’est le symbole de l’action et de l’autorité. Cette nuée est présente dans la Bible, lors de l’Exode d’Egypte (Ex 13, 17-22).

 

 

Main de Dieu créateur, église San Climent, Taül, XIIè, Espagne


La couronne et le globe symbolisent le Père Tout Puissant.

Les représentations anthropomorphes

              Entre le Xe et le XIIIe, Dieu est représenté sous des traits humains :

         en pape couronné de la tiare (triple couronne) pontificale, en Jupiter chrétien, en monarque,

         en vieillard.

Jésus le Fils

-        Le livre évoque le Verbe ou Parole Éternelle.

-        Le chrisme, réunissant dans un monogramme les X et P de Christ en grec.

-        L’alpha et l’omega, première et dernière lettres de l’alphabet grec. Ces deux lettres désignent celui qui est le commencement et la fin, la première et dernière parole, le Verbe (Ap 1, 8).

-        Le poisson, en grec Ichtus, dont chaque lettre correspond en grec à « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur. »

-        I H S : Jesus Hominum Salvator (Jésus sauveur des hommes).

-        I N R I : Jésus de Nazareth, Roi des Juifs (titre de la crucifixion, au sommet de la croix).

-        Fils de David : c’est à travers l’Arbre de Jessé qu’est évoquée cette filiation.

A la base, Jessé, étendu… Au sommet, le Christ trône en majesté, surmonté de la colombe de l’Esprit (dans les vitraux de Kerfeunteun, Confort-Meillars).

-        Le Bon Pasteur qui connaît chaque brebis  et ramenant sur ses épaules celle qui s’est égarée (sur les portes des tabernacles).

-        L’agneau de l’Apocalypse, couché sur le livre aux sept sceaux ou dressé, avec une croix à oriflamme. C’est une allusion au Serviteur souffrant (Is 53, 7).

-        Le Fils de l’Homme : comme roi et juge du monde, le Sauveur est évoqué comme prêtre, vêtu de la robe des prêtres, comme roi, à la ceinture dorée royale, comme l’Éternel aux cheveux blancs, comme juge à la fin des temps, venant sur les nuées.

-        Le blé : en ressuscitant après sa mort, le Christ a apporté le salut. « Si le grain de blé ne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jn 12, 4). Le blé est le symbole du pain eucharistique, corps du Christ.

-        La vigne représente le Christ et les sarments les baptisés (Jn 15, 1-7). La grappe désigne le vin eucharistique, sang du Christ. Au dessus des autels, les colonnes torses du baroque portent des enroulements de vigne et des grappes de raisin, accordés à la célébration de la messe.

L'Esprit

-        Sous la forme d’une colombe qui plane sur les eaux :

               La création (Gn 1, 2)

                     Le baptême de Jésus (Mt 3, 16).

-        Les langues de feu : Pentecôte (Ac 2, 1-6)

-        Souffle du vent insaisissable (Jn 3, 8) et la respiration qui insuffle la vie (Gn 2, 7).

Les représentations symboliques

Pendant de nombreux siècles, il a été considéré que Dieu ne pouvait être peint que sous les traits du Christ. Dieu en tant qu’Invisible n’avait pas d’icône et ne pouvait en avoir. Alors pour faire mémoire de la présence et de l’action de Dieu dans l’histoire sainte, en particulier dans les théophanies (manifestations de Dieu), l’art chrétien adoptera les conventions graphiques de l’art juif.

ex 1 : Le baptême du Christ au Jourdain

- La voix du Père sera signifiée par un hémisphère lumineux sur le bord supérieur de l’image ou par une main qui en sort.

- La divinité du Fils bien-aimé par son nimbe.

- La descente de l’Esprit Saint par le symbole de la colombe.

-      ex 2 : d’autres signes « en creux » du lexique divin : l’aigle, l’agneau, les rayons, la mandorle.

La fin des représentations

Au XVIIIe siècle :

C’est le glas des représentations de Dieu le Père dans l’art. Les artistes s’en désintéressent.

A la fin du XXe siècle :

    La représentation du Christ souffrant est la plus fréquente

   On note l’intérêt et le succès foudroyant de l’icône de la Trinité d’Andreï Roublev.

Par Marie-Jo Nicolas, CDAS